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Un an plus tard ...
    Dans le laboratoire de cryogénisation du Professeur Taloche, une lumière rouge venait brusquement de s'allumer.
- "Professeur, mon chou !" dit la pétillante et non moins blonde Muguette Pervenche. "Il se passe quelque chose du coté de Gaston Marronnier !"
"Mon dieu !" répliqua le Professeur qui ne dédaignait pas user parfois d'un language un peu cru.  "Il se réveille, le marron sort de sa gangue de glace, on dirait !" pouffa-t-il !
 

    Muguette, qui n'était pas rassurée devant cette chose informe posée là, n'apprécia que modérément l'humour du Professeur.  Elle n'osait s'approcher seule de l'endroit où, un an plus tôt, les gendarmes avait déposé cette masse grisâtre et peu ragoûtante. Elle aurait été découverte dans des urinoirs, par un froid glacial, au milieu de la nuit, par un quidam insomniaque qui s'était suicidé depuis...

    Le Professeur avait été tout d'abord intrigué par cette amas fait d'on ne savait quoi, mais c'était bien là ce qui le passionna à l 'époque. Puis, le temps passant, il avait fini par s'en désintéresser, l'amas en question réagissant peu, voire pas du tout, aux différentes manipulations et expériences que le Professeur lui avait fait subir. Finalement, celui-ci avait décrété un beau jour que la chose ne resterait sans doute qu'un légume, et il s'était trouvé d'autres cobayes.

    Cependant, la réflexion de la charmante Muguette l'avait aiguillonné ! Que se passait-il donc ? Il prit ses instruments et s'approcha ...  "En effet, ", se dit-il, "La forme n'est pas comme d'habitude ! Comme c'est étrange ! " 

    "Muguette, mon chou, venez m'aider, voyons !. Vous voyez bien que ce machin se transforme à vue d'oeil et que je ne vais pas m'en sortir tout seul. je vous ai connue parfois plus prompte à réagir, n'est-ce pas ?"
   "S'il vous plait, professeur, ne mélangeons pas la vie privée et le travail, cette chose peu ragoûtante me terrifie !"
   "N'empêche que j'ai besoin de vous et vite !"
   Car d'amas informe, la chose était en train de se métamorphoser en un avatar humain. Elle s'allongeait, des membres inférieurs prenaient forme, une tête semblait lui pousser sur ce qui ressemblait maintenant à un tronc. Une drôle de chose rouge lui recouvrait le dos. Rouge avec comme quelque chose d'écrit, qui se précisait au fur et à mesure de la transformation. Soudain un éclair illumina la pièce suivi d'une fumée rouge et âcre. Eberlués, le professeur et Muguette, laquelle s'était réfugiée dans les bras du professeur (tant qu'à faire, autant en profiter !) virent se dresser devant leurs yeux interdits,  un individu qui ne ressemblait en rien à cette chose infâme qu'ils supportaient depuis un an.

    L'être sorti tout droit d'un roman de science-fiction était large d'épaules, la taille fine, des cuisses et des bras musclés, un masque rouge, une cape rouge. Sur celle-ci, les deux êtres effarés lisaient nettement en lettres majuscules les intiales BB. Sur sa poitrine, Muguette eut juste le temps de lire BIG BEIGNE  avant de s'évanouir dans les bras du professeur qui n'en menait pas large.
 

   « Initiales BB, initiales BB !  Ca me rappelle quelque chose ! », pensa le professeur ! Cependant, la créature, après sa spectaculaire transformation, semblait s'être rendormie. Après avoir déposé délicatement Muguette sur le canapé (?) du labo, il s'approcha doucement de la masse inerte, posa sa main sur le grand B de Big, là où il avait le plus de chance de sentir battre un coeur. Mais y'en avait-il un ? Sait-on jamais avec ces créatures ?

   Le fait est, se dit le professeur, qu'on se croirait tout droit sorti d'une bande dessinée de seconde zone ! Un héros ridicule dont on ne savait pas s'il était du côté des bons ou des méchants, une jeune femme sans défense, et un homme, (lui), certes dans la force de l'âge, mais qui ne demandait qu'à sauver sa belle des griffes de l'ennemi ! Il se sentit plus fort que jamais à cette idée et en était là de ces flatteuses réflexions, lorsqu'une voix à peine audible le sortit malgré lui de sa distraction : « S'il vous plait, vous pourriez m'indiquer les toilettes ? »

 

  Cette chose, cet individu, cette créature une fois enfermée dans les toilettes, le professeur Taloche secoua Muguette, laquelle se méprit sur ses intentions et s'allongea derechef sur la canapé.

"Muguette, venez m'aider ! vite..."

  Le professeur et son assistante firent glisser le canapé contre la porte, récupérèrent tous les objets un peu lourds,  les entassèrent et bloquèrent ainsi la porte.

"Ouf..., "dit Taloche, "un peu de répit, que va t on faire de cette chose ?"

"Oh, mon cher professeur, " dit Muguette en se jetant dans les bras de Taloche, "quelle émotion, mon héros" et de se blottir amoureusement contre son cher maître.

Pour le moment, Taloche se souciait plus de la suite à donner qu'à batifoler.

"Mais qu'allons nous faire de ce truc ?"

"Et si on appelait votre collègue Novice, il est Docteur en Sciences Destructurées et Parallèles, "il aura surement une idée".

En attendant et pour la deuxième fois de sa vie, Big Beigne était enfermé dans des toilettes.

 

  Dans les toilettes !

  Désespéré et maheureux, Gaston ne comprenait rien. Etait-il destiné à jamais à se retrouver prisonnier dans 3 m2, avec pour seule compagnie des rouleaux de PQ rose (ah, ce rose !), et une vieille brosse souillée en guise de balayette ?

  Et puis, il se posait tant de questions. Une âme charitable y répondrait-elle un jour ? Quelqu'un trouverait-il le temps de lui expliquer, de lui donner des réponses :

  - pourquoi était-il déguisé en super-héros ?

  - d'où sortaient ces nouveaux pouvoirs ?

  - depuis combien de temps était-il parti de chez lui ?

  - que devenaient Martine et Mauricette ? Ne devaient-elles pas être inquiètes ?

  - qui étaient ces gens derrière la porte, qui avaient manifestement peur de lui ?

  - reprendrait-il un jour le cours normal de sa vie ?

  - est-ce que quelqu'un s'était inquiété de son absence ? Son patron, sa femme, ses enfants ?

 

  Il eut un serrement de coeur en songeant à sa famille et sentit une larme couler sur ce qui lui servait de joue. Même un super-héros est capable d'être triste ....

Tag(s) : #LES AVENTURES EPATANTES DE GASTON MARRONNIER
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